"Peut-on désirer l’impossible ?" - Exemple de mise en problème

Problématisation = dissertation en résumé (plus qu'une intro, mais moins qu'une dissertation rédigée.)
« Désirer l’impossible », cela paraît très « possible » et même sans effort, voire inconsciemment, si l’on en croit la critique qui ne manque pas alors de tomber : « Tu es fou, tu veux décrocher la lune ! » Il faudrait donc désirer « raisonnablement », ne désirer que le possible, sinon nous serions dans un désir vain et insatisfaisant, puisque impossible à atteindre dans son objet - « décrocher la lune » est en effet chose impossible !
Une sagesse du désir telle que l’épicurisme, nous invite à modérer nos désirs pour justement éviter ceux insatiables de la passion, par exemple. Quant au stoïcisme, il soutient qu’il est sage de désirer tout ce qui nous arrive comme si nous l’avions voulu. Autant recommander de désirer le réalisé, ce qui est carrément en deçà du possible ! C’est bien l’esprit, dépressif ou même dépréciatif, de la maxime stoïcienne : « Plutôt changer mes désirs que l’ordre du monde. » On est très loin de l’éthique de la psychanalyse formulée par Lacan : « Ne pas céder sur son désir. »
Mais s’il est possible, psychologiquement, de désirer l’impossible, n’est-ce pas que cela a du sens pour l’homme ? A quoi bon désirer ce qui est facilement accessible, platement possible ? Et puis, que l’objet de mon désir soit inaccessible signifie-t-il qu’il soit impossible de tenter de s’en approcher, tel un idéal vers lequel on tend asymptotiquement ? Notre imagination peut toujours envisager l’impossible et l’offrir au désir comme un dépassement des limites, comme le rêve de faire reculer la frontière du possible, à moins qu’il ne s’agisse du défis de rendre possible ce qui est simplement réputé impossible par la morale ou le conformisme !

Tout cela semble donc dépendre de la façon de concevoir l’impossible, absolu ou relatif. Mais aussi de penser ou repenser le désir. Est-il pris dans une finitude le « condamnant à mort », comme s’il était d’ailleurs épuisable ? A moins qu’il ne soit simplement sous le joug d’une morale « éromortifère » ? Ou bien, comme le soutient Spinoza, n’est-il pas véritablement « l’essence de l’homme », une essence dynamique, plastique et infiniment ouverte qui ne se pose aucun a priori, possible ou impossible. Dès lors, si l’être de désir que nous sommes développe une connaissance adéquate de soi et du monde, l’impossible peut devenir un possible 

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