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Absolu - Relatif
Absolu
Du latin absolutus, participe passé d’absolvere, « détaché
de », « séparer ».
1) Est absolu ce qui est indépendant, inconditionnel, sans
lien à autre chose qui lui-même, incomparable. Ex. : le pouvoir absolu ;
« Tout
pouvoir abuse; le pouvoir absolu abuse absolument » Slogan de Mai 68
2) Est absolu ce
qui est achevé, total, intégral et qui contient en lui-même sa raison
d'être, « parfait » ou sans
manque. Ex. : l’idée de Dieu est l’idée d'un être absolu.
« Toute forme
d’absolu relève de la pathologie. » NIETZSCHE, Par-delà bien et mal, § 154.
Relatif
1) Est relatif ce qui dépend d'autre chose (opposé à absolu au sens 1) ou se rapporte à autre chose. Ex. : Cause
et effet sont deux termes relatifs l'un à l'autre
2) Est relatif ce qui comporte des restrictions, des
limites (opposé à absolu au sens 2). Ex. : La connaissance humaine est
relative… à ses méthodes, au sujet connaissant (l’homme) ; il n’y a donc
pas de « savoir absolu ».
« L’homme est la mesure de toute chose : de
celles qui sont, du fait qu’elles sont ; de celles qui ne sont pas du fait
qu’elle ne sont pas. » Protagoras (Ve s.. av.) Cette formule du
sophiste Protagoras, interlocuteur de Socrate dans le dialogue platonicien
éponyme, peut être interprétée de façon excessive, comme si l’homme instituait
l’Être et le non-Être… Sinon, elle est pertinente car elle nous rappelle que
l’homme est à la source de tous les jugements, de connaissance comme de valeur.
Abstrait - Concret
Abstrait
Du latin abstahere, qui est
détaché de… L'abstrait,
c'est le séparé par opposition au
tout. Abstraire, c'est séparer, laisser
de côté certains aspects d'une chose ou d'une représentation. Ex. on peut
considérer le mur, abstraction faite de sa couleur. Mais précisément, cette
séparation n’est que mentale ; dans l’expérience, mur est inséparable de
sa couleur. L’abstraction perd donc quelque chose du réel empirique, mais elle
permet la conceptualisation : l’universel est abstrait, par opposition au
particulier. L'abstraction permet, en effet, de saisir des caractéristiques
communes. Ex. : Tous les chiens ont en commun des caractéristiques qui permettent
de former la définition du concept de chien.
Concret
Du latin concretus,
concrescere, « se solidifier »)
Est concret ce qui peut être
immédiatement perçu par les sens ou être imaginé perceptible. Ex. : les
individus que l'on appelle " chiens " sont des êtres concrets, tous
différents les uns des autres. L'idée de chien est concrète par son contenu dans
la mesure où les chiens sont perceptibles ; mais toute idée est une
abstraction…
Remarque
Les problèmes posés par le couple abstrait/concret
concernent les rapports entre la pensée et la réalité. Le concret est souvent
considéré comme ce qui nous ancre dans la réalité. Plus la pensée est éloignée
de la réalité, et, plus particulièrement de la réalité immédiate et familière,
plus elle est abstraite. De là une certaine méfiance vis-à-vis de l'abstraction.
Cependant, tout signe linguistique, tout mot en tant que son signifié est un
concept et non la chose correspondante ou le « référent », est abstrait : Le
mot « rossignol » ne chante pas… Nommer, c'est toujours rassembler sous
l'identité d'un même nom les réalités singulières et multiples en faisant
abstraction de leurs différences. Le langage est donc un facteur d'abstraction.
Le sens des mots est commun ou générique et donc le langage transcende
nécessairement le donné immédiat. Or, la pensée est une activité symbolique,
qui passe par les signes et les mots ; toute pensée est langage. L'abstraction
n'est donc pas nécessairement un appauvrissement.
Analyse - Synthèse
Analyse
1) Analyser, c'est décomposer un
tout en ses parties, soit matériellement (ex.: l'analyse chimique), soit par la
pensée (ex. : l'analyse d'un concept, d'un sujet). L'analyse permet ainsi
d'aller du complexe au simple.
2) Démarche démonstrative qui part de la proposition que l'on veut
démontrer pour remonter à une proposition connue dont la proposition à
démontrer découle nécessairement.
Synthèse
1) Synthétiser, c'est recomposer
le tout à partir de ses parties. La synthèse va du plus simple au plus
complexe.
2) Démarche démonstrative qui part de propositions connues pour en dégager
les conséquences nécessaires.
3) Une synthèse est aussi un résumé rapportant les points principaux d'une
théorie, d'un courant de pensée, d'une démarche ou d'un débat.
Discussion
La deuxième règle de la méthode cartésienne est celle de l'analyse :
" Diviser chacune des difficultés que
j'examinerais en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requis
pour les mieux résoudre. " Descartes Discours de la méthode.
C'est ce qui est demandé dans la dissertation philosophique. Les parties du
plan sont l'expression de ce travail d'analyse. La conclusion peut être
considérée comme la synthèse finale (au sens 2) du travail de réflexion.
Dans un plan dialectique qui oppose dans les deux premières parties une
thèse et son antithèse, la troisième partie appelée synthèse établit la fusion
des deux premières dans une nouvelle position qui dépasse l'opposition de la
thèse et de l'antithèse en en retenant ce qu'elles ont de légitime.
L'analyse de texte qui doit être faite dans un commentaire est la fois un
travail d'analyse et de synthèse.
Cause - Fin
Cause
La cause est, d'une façon générale, ce qui répond à la question « pourquoi? »
De façon simple, la cause est ce qui détermine ou produit autre chose qui
la suit et, à ce titre appelé effet. Mais la notion est plus compliquée depuis
qu’Aristote a distingué 4 types de cause différents : la cause efficiente,
la cause matérielle, la cause formelle et la cause finale.
Prenons l'exemple d'une statue en marbre :
• Sa cause efficiente est
le sculpteur (ce qui produit la chose)
• Sa cause matérielle est
le marbre (ce dont la chose est faite)
• Sa cause formelle est ce
qu'elle représente, Apollon, par ex. (sa définition ;
• Sa cause finale est le
but pur lequel elle a été sculptée, par ex. le temple d’Apollon (sa
destination)
Donc la cause au sens simple c’est la causalité efficiente. Le reste est un
peu tiré par les cheveux (encore un enfumage métaphysique ?) car, sans la
production, le travail du sculpteur, l’effet ne peut être, ni statue, ni
ornement du temple ; quant au marbre, il ne va pas accoucher de la statue
par miracle ! C’est bizarre cette obstination des uns et des autres à
minimiser le travail humain producteur ou le simple rapport cause/effet. Galilée,
en strict physicien, ramenait la causalité à un certain rapport entre deux
phénomènes de même type dont l'un, la cause, produit l'autre, l'effet. Justement
la métaphysique classique a de nouveau compliqué les choses – tiens,
d’ailleurs ! L’étymologie latine de « chose » est causa, la
« cause ». Descartes identifie cette cause efficiente à la raison
d'être de l'effet, c'est-à-dire à ce qui le rend intelligible, on passe donc de
l’explication à la compréhension et comme celle de Descartes est des plus
subjective…
Le principal, c’est le principe… de causalité selon lequel 1) tout
phénomène déterminé a une cause déterminée et 2) à une même cause correspond
nécessairement un même effet.
Fin
1. Le terme, la limite (opposé au commencement)
2. Le but, l'objectif (opposé au moyen), comme dans l'expression
machiavélienne "la fin justifie les moyens".
La fin d'une action est le but visé par son auteur. Par analogie avec cette
intention de l'agent, la fin de quelque chose serait le but de son existence,
ce en vue de quoi elle aurait été créée ou ce vers quoi elle tendrait en vertu
de sa nature.
Fin dernière Cette notion reflète bien
l'ambiguïté du mot "fin": elle désigne à la fois le terme absolu et
le but ultime. Ex.: le Souverain Bien serait la fin dernière, à la fois but
suprême et terme de la quête.
Notions associées
Principe de finalité
"La nature ne fait rien en vain." Cette célèbre formule d'Aristote exprime
cette idée que tout être à une fin, un but. Rien dans la nature ne serait
gratuit, manqué ou superflu. C'est d'ailleurs cette logique qui fait dire à
Aristote que c'est parce que l'homme est intelligent qu'il a des mains: chez
tout autre animal privé de raison cet organe serait inutile. Principe ou
préjugé ? Le finalisme est un anthropomorphisme, que dénonce
Spinoza : « Mais,
tandis qu’ils cherchaient à montrer que la Nature ne fait rien en vain
(c’est-à-dire rien qui ne soit pour l’usage des hommes), ils semblent n’avoir
montré rien d’autre sinon que la Nature et les Dieux sont atteints du même
délire que les hommes. » Ethique,
L. I, Appendice.
Téléologie
En métaphysique on oppose le mécanisme (système déterministe des causes
efficientes agissant dans la nature) au finalisme idée que les choses ont une
fin vers laquelle elle donne et qui leur donne leur raison d’être. La
téléologie se veut une construction rationnelle de cette idée qui n’est qu’une
thèse métaphysique. Le finalisme ou la téléologie sévices particulièrement dans
les religions monothéistes, Spinoza en fait la critique radicale, en
particulier dans l’Appendice du livre I de l’Ethique, donc sont extraites ces
quelques lignes :
« Si, par exemple, une pierre est tombée d’un
toit sur la tête de quelqu’un et l’a tué, ils démontreront de la manière
suivante que la pierre est tombée pour tuer cet homme. Si elle n’est pas tombée
à cette fin par la volonté de Dieu, comment tant de circonstances (et en effet
il y en a souvent un grand concours) ont-elles pu se trouver par chance réunies
? Peut-être direz-vous : cela est arrivé parce que le vent soufflait et que
l’homme est passé par là. Mais, insisteront-ils, pourquoi le vent soufflait à
ce moment ? Pourquoi l’homme passait-il par-là à ce même instant ? Si vous
répondez alors : le vent s’est levé parce que la mer, le jour avant, par un
temps encore calme, avait commencé à s’agiter ; l’homme avait été invité par un
ami ; ils insisteront de nouveau, car ils n’en finissent pas de poser des
questions : pourquoi la mer était-elle agitée ? Pourquoi l’homme a-t-il été
invité pour tel moment ? Et ils continueront ainsi de vous interroger sans
relâche sur les causes des événements, jusqu’à ce que vous vous soyez réfugié
dans la volonté de Dieu, cet asile de l’ignorance. »
Téléonomie
A l’inverse de la téléologie, il s’agit d’introduire dans l’explication du
vivant un principe de causalité immanent et non métaphysique qui décrit
l’orientation des comportements ou phénomènes des êtres vivants (plantes ou
animaux) en fonction d’une finalité correspondant
à leur survie et conservation. Jacques Monod (1910-1976), prix Nobel de
médecine en 1965, dans son œuvre le Hasard et la nécessité
(1970) fonde la téléonomie en objectivité : « L’objectivité cependant nous oblige
à reconnaître le caractère téléonomique des êtres vivants, à admettre que, dans
leurs structures et performances, ils réalisent et poursuivre un projet. »
Spinoza pourfendeur du finalisme, peut être considéré comme le premier
théoricien de la téléonomie. En effet son ontologie repose sur le principe
universel de la persévérance dans l’être :
tout être tend à persévérer dans son existence, et déploie sa puissance d’agir propre selon ce principe immanent. Non
seulement il cherche à se maintenir dans l’être, mais, si possible, à accroître cet être. Le concept spinoziste traduisant ce principe est celui (en latin) de Conatus, effort de persévérance dans
l’être. Chez l’homme, Spinoza identifie le Conatus au Désir, entendu comme
essence dynamique et ouverte. Étant sans cesse affecté, augmenté ou diminué,
selon que les affects sont de joie ou
de tristesse, ce désir fondamental
se concrétise dans la pluralité des
désirs dont l'individu est soit cause inadéquate (passivité intellectuelle interne ou passions), soit cause adéquate (activité intellectuelle interne ou actions).
Croire - Savoir
Croire
Croire, c'est donner son assentiment à une proposition
qui est tenue pour vraie sans avoir la certitude objective de sa vérité. Il
s'agit d'une opinion.
"Lorsque l'assentiment n'est suffisant qu'au
point de vue subjectif, et qu'il est insuffisant au point de vue objectif, on
l'appelle croyance." KANT, Critique
de la Raison Pure.
Savoir
Savoir, c'est donner son assentiment à une proposition
en ayant la certitude objective de sa vérité. Cette certitude est liée à des
procédures de validation dont on peut rendre raison, soir par démonstration,
soit par l’expérience (observation) et/ou l’expérimentation (dispositif
technique). Savoir, c'est savoir pourquoi on sait (justification en principe
partageable).
Notions associées
Opinion
Pour Platon, l'opinion est un type de connaissance
inférieure, car, contrairement à la science, elle n'est pas justifiée par un
raisonnement ; il conçoit une « opinion droite » ou vraie, mais
elle ne peut rendre compte de sa vérité. L'adhésion à une opinion, en tant
qu'elle ne s'accompagne pas de certitude objective, en fait une croyance. Tout
jugement ou toute conception, en tant qu'on le rapporte uniquement à la
personne qui le soutient, indépendamment de ses raisons, est une opinion.
« C’est mettre ses
conjectures à bien haut prix que d’en faire cuire un homme tout vif. »
MONTAIGNE, Essais, III, 11
Opinion publique
L'opinion publique est ce qu'on pense communément dans
un groupe social déterminé. Elle est sujette à la persuasion, et donc à la
manipulation.
Foi
La foi est une certitude non rationnelle, donc
« psychologique » ou proportionnelle au degré d’adhésion du moi à son
contenu.
En acte - En puissance
En acte
Étymologiquement, l'acte désigne ce qui est fait. Pour Aristote, l'acte
désigne soit ce qui est en train de s'accomplir, soit ce qui est réalisé,
achevé.
En puissance
Ce qui n'est qu'en puissance, par opposition à ce qui est
en acte, est ce qui n'est pas encore réalisé, ce qui n'est qu'une virtualité. Dans l'usage qu'en fait Aristote, la puissance a la faculté d'être changé ou mis en mouvement. Par exemple, tout être humain, normalement constitué, est en puissance "un
être parlant". Mais ce potentiel n'est actualisé qu'avec l'apprentissage de la
langue maternelle au contact de ses semblables; donc, il va apprend en acte ou effectivement une langue particulière, mais il aurait pu en apprendre une autre, si on l'avait dès sa naissance placé dans un autre milieu linguistique, il en a la puissance. (D'ailleurs, il peut en apprendre deux, bilinguisme, ou plus tard beaucoup d'autres...)
Discussion
La capacité de faire quelque chose peut être en acte chez un individu qui
la possède, bien qu'elle ne soit qu'en puissance du point de vue de son
exercice ou de son effectivité. En fait, il y a une puissance passive et une puissance
active : le marbre brut est en puissance (passive) la future statue,
mais son existence effective dépend d’une puissance active, la possession de l’art
de la sculpture par le sculpteur. On dira alors que si la la graine est une
plante en puissance, car pas encore plante sortie du sol, c’est seulement parce
que la plante est la graine en acte, la plante est déjà la graine, puissance
active. Par exemple, tout être humain est, dès sa naissance, en puissance (passive)
un être parlant, mais seul celui qui a appris à parler (une langue au moins) possède cette capacité en acte, puissance active ; et celui-ci n'est un locuteur en acte que s'il prend
effectivement la parole. Aristote distinguait de ce point de vue l'acte premier: le fait d'avoir acquis
une capacité et l'acte second: la
mise en œuvre de cette capacité (par exemple, le fait, pour un musicien, de
faire effectivement de la musique à un moment donné). Mais comment apprend-on à
parler, à sculpter, à jouer de la musique ? En parlant, sculptant, jouant
d’un instrument ! Donc par des actes. C’est par l’acte premier que la
puissance active se constitue et c’est seulement elle qui peut permettre l’accomplissement
de l’acte second. Suis-je capable de courir un 100 mètres en 12 secondes (le
record mondial étant de 9,58 s.) ? Cela ne m’est peut-être pas impossible
car j’ai des jambes, mais si je veux y arriver, je dois m’entraîner beaucoup,
et donc courir souvent et de plus en plus vite ! Sans l’acte
(sans « passage à l’acte » ou effectivité), puissance ou potentialité
restent de pures virtualités, c.-à-d. pas
vraiment réelles. C’est pourquoi, l'être en acte est considéré comme ayant une
plus grande perfection (ou réalité) que
l'être en puissance : "chaque chose est dite être ce
qu'elle est plutôt quand elle est en acte que lorsqu'elle est en
puissance" Aristote, Physique II.
Attention !
« Perfection » est pris ici en un sens ontologique : est parfait ce qui a sa
pleine réalité, ce
à quoi il ne manque rien pour être ce qu’il est ; non pas au sens moral ou
qualitatif : un meurtrier en
puissance (homme ayant des intentions ou envies de meurtres = puissance passive) n’est pas
pleinement un meurtrier s’il n’a
jamais tué personne et peut ne jamais l’être effectivement ; c’est
seulement s’il tue, qu’il le sera, en acte, et donc pleinement ou
« parfaitement »... et pourra l'être encore (= puissance active).
En fait - En droit
En fait
Selon le(s) fait(s), d’après ce qui est arrivé dans l’expérience. Question
de fait: Est-ce arrivé ? Est-ce que cela s'est effectivement passé de cette
façon?
En droit
Selon la norme, en fonction de ce que la règle énonce ou suggère. Question
de droit: Est-ce conforme à la loi (légal) ou conforme à la justice (légitime)?
(légal/ légitime)
Les questions de fait portent sur l'être, ce qui est. Les questions de
droit portent sur le devoir être. Se régler sur l’être de fait ou sur le
devoir-être, une norme idéale, cela change tout…
Discussion
La distinction entre le fait et le droit est centrale dans le Droit romain.
La procédure romaine distinguait l'établissement des faits de son évaluation
juridique. Dans cet esprit, le Code juridique est conçu comme indépendant des
faits.
En effet, le droit, pour être universellement valide ne peut pas être fondé
sur le fait. Ce n'est pas ce qui se passe en fait qui détermine ce qui devrait
se passer en droit. C'est ainsi que "force ne
fait pas droit" (Rousseau, Du
Contrat social, L. I, ch. III, "Du droit du plus fort")
Dans la tradition de la jurisprudence anglo-saxonne (ce que l'on appelle le
"droit coutumier") contrairement au Droit romain, ce sont les
précédents jugements et non un Code préétabli qui constituent la source du
droit. Il s'ensuit un ajustement plus souple entre le droit et l'évolution
factuelle des mœurs. Un nouveau jugement peut ainsi de facto "faire
jurisprudence" et donc faire évoluer le droit. La jurisprudence est donc un
« fait du droit ».
Kant applique la distinction entre le fait et le droit au domaine de la
connaissance: il faut distinguer la question factuelle de la connaissance :
"la terre tourne-t-elle autour du soleil?" de la question de savoir
ce qui en fonde la validité : "En vertu de quoi les lois de la
physique sont-elles universelles et nécessaires?". Dans la préface à la
seconde édition de la Critique de la
raison pure, Kant soutient que pour répondre à la question de droit de la
légitimité de la connaissance : "que puis-je savoir?", la Raison
se convoque elle-même à son propre tribunal. Elle serait alors, à la fois juge et
partie !
Essentiel - Accidentel
Essence/Essentiel
1. Ontologie : opposé à accident ; l'essence est ce
qui constitue la réalité permanente de quelque chose par opposition aux
modifications superficielles.
Ce qui est essentiel appartient à l'essence d'une
chose et est nécessaire, s’impose.
"Appartient à l'essence d'une chose ce qui, étant
donné, fait que cette chose est nécessairement posé, et qui, supprimé, fait que
cette chose est nécessairement supprimée. " SPINOZA, Ethique, I.
2. Métaphysique : opposé à existence ; l'essence est
ce qu'est une chose, indépendamment du fait même qu'elle soit ou existe.
" Toute essence peut être conçue sans que soit
conçue son existence : je puis en effet concevoir ce qu'est l'homme ou le
phénix, tout en ignorant si cela existe dans la nature des choses. Il est donc
évident que l'existence est autre chose que l'essence. " THOMAS D'AQUIN. C’est bien le
propre de la métaphysique de poser des
abstractions en les prenant pour des réalités.
Accident/Accidentel
1. Étymologiquement, l'accident est ce qui arrive non
nécessairement ou par hasard.
2. L'accident est ce qui, dans un être, peut être
modifié ou supprimé sans changer la nature de la chose-même, c'est-à-dire sans
que cette chose cesse d'être ce qu'elle est.
Ce qui est
accidentel est contingent.
Notion associée
Existence
L'essence désigne le fait d'être pour une chose, sa réalité dans l'expérience.
Remarque
L'essence définit la nature d'une chose, l'ensemble
des caractéristiques nécessaires de cette chose sans lesquelles elle ne serait
pas ce qu'elle est.
Exemples :
- Il est essentiel que les quatre côtés d'un carré
soient égaux et que ses quatre angles soient droits.
- Selon Aristote, l'homme est par essence un animal
raisonnable, mais il est accidentellement un bipède sans plume.
La métaphysique pose donc qu’une chose puisse être
sans exister, ce qui est déjà peu claire, mais l’idéalisme ajoute que l’essence
précède l’existence, les idées des choses précèdent leur existence (cf. le
platonisme). En opposition, Sartre affirme, concernant l’homme, que : « L’existence précède
l’essence. », (L’Existentialisme est un
Humanisme.)
Expliquer - Comprendre
Expliquer
Du latin explicare,
« déplier ». On associe souvent l'explication à une démarche analytique : décomposer
un phénomène pour le rendre intelligible, alors qu'on associe plutôt la
compréhension à une démarche synthétique globale. On associe aussi
l'explication à la recherche des causes et la compréhension à la recherche des
raisons, des motifs et du sens. Enfin, l'explication serait discursive et la
compréhension serait intuitive. On peut donc comprendre quelque chose sans
nécessairement être capable de l'expliquer.
Comprendre
Du latin cum et prehendere, « saisir, prendre avec » ;
comprendre c’est « prendre avec soi », Étymologiquement, comprendre, c'est
prendre avec. Comprendre est l'acte par lequel l'esprit s'approprie une
connaissance. Comprendre, ce n'est pas simplement savoir, mais avoir assimilé
la connaissance.
Remarque : comprendre serait plutôt intuitif, alors
qu’expliquer serait discursif.
Idéal – Réel
Idéal
Latin idea,
du grec eidos, la forme, par
opposition au contenu ou à la matière (hylê)
1. Opposé à réel (opposition 1 ci-dessus).
2. Ce qui est parfait et peut servir de norme ou de
modèle.
Ces deux sens ne s'excluent pas dans la mesure où on
considère que la perfection n'existe pas dans la réalité et ne peut qu'être
conçue.
Réel
Du latin res
qui signifie chose. Est réel ce qui existe en acte, effectivement par
opposition à
1. Ce qui n'existe que dans la pensée, l'imagination
ou le langage;
2. Ce qui n'est qu'apparent et illusoire;
3. Ce qui n'est que possible.
Remarque
L’idéalisme, par opposition au matérialisme ou au
réalisme, est un point de vue qui ramène d’une façon ou d'une autre l'existence
à la pensée. Est idéaliste également une doctrine, comme celle de Platon, qui
affirme l'existence indépendante des idées et qui les considère comme étant
d'un ordre supérieur au sensible. Le propre de l'idéalisme est de ne pas admettre
que la réalité externe soit la cause de nos représentations, soit qu'il nie
cette réalité externe (immatérialisme de Berkeley), soit qu'il nie
l'indépendance de la réalité par rapport à l'esprit (phénoménisme de Kant),
soit qu'il affirme que sa cause es l'Idée (théorie de Platon dont l'Allégorie
de la Caverne est une représentation didactique).
Immédiat - Médiat
Immédiat
Est immédiat ce qui est atteint directement, sans
intermédiaire
Ex. : savoir qu'il y a un feu en l'observant
directement.
Pour DESCARTES, la pensée se caractérise par
l'immédiateté de la présence à soi : "Par le nom de pensée, je comprends
tout ce qui est tellement en nous que nous l'apercevons immédiatement par
nous-même et en avons une connaissance intérieure." (Méditations métaphysiques. Réponses aux deuxièmes objections). Il s’agit donc de la pensée consciente. BERGSON parle des "données
immédiates de la conscience" qui seraient les données élémentaires,
premières, connues sans réflexion et donc ineffables (dont on ne peut pas
parler, puisque le langage est un médium qui, par définition, supprimerait
l'immédiateté).
Médiat
Est médiat (latin medium)
ce qui n'est atteint qu'indirectement, à l'aide d'un intermédiaire.
Ex. : savoir qu'il y a un feu indirectement en
observant son effet qu'est la fumée est une connaissance médiate. La médiation
met en rapport des éléments distincts grâce à un « moyen terme ». Dans un
syllogisme, le moyen terme permet la transition entre les deux autres termes et
donc la conclusion (sous réserve que les règles formelles de composition soient
respectées).
Un médiateur médiatise une relation, sert de médiation
ou d’intermédiaire.
"Autrui est le médiateur entre moi et
moi-même." SARTRE, L’Etre et le
Néant
Intuitif - Discursif
Intuitif
Du latin intuitus,
« coup d’œil, regard vue ».
L'intuition peut être sensible ou intellectuelle :
simple réceptivité de ce qui nous est donné par les sens ou vision directe de
l'esprit. La connaissance intuitive désigne une forme de connaissance
immédiate, qui ne passe pas par le langage, la conceptualisation, d’où son
caractère aléatoire et incertain.
« Par intuition
j’entends non point le témoignage instable des sens, ni le jugement trompeur de
l’imagination qui opère des compositions sans valeur, mais une représentation
qui est le fait de l’intelligence pure et attentive, représentation si facile
et si distincte qu’il ne subsiste aucun doute sur ce que l’on y comprend. »
DESCARTES, Règles pour la direction de l’esprit, III.
Discursif
La connaissance discursive passe par l'intermédiaire
du discours, des concepts, du raisonnement. .
Remarque
Cette opposition est parallèle à celle entre :
- Induction : inférence consistant à « remonter » ou
passer sans raisonnement du particulier à l’universel. Légitimité logique
contestable.
- Déduction : enchaînement logiquement légitime,
consistant à « descendre » ou passer de l’universel au particulier. Un objet
d’un ensemble universel, comme, par ex. celui de « tous les éléphants », possédera nécessairement les caractéristiques qui les réunissent et définissent
tous, ex. avoir une trompe ; on peut donc déduire : « tous les éléphants ont
une trompe, donc cet éléphant en a une aussi. » Mais un objet particulier a
toujours des caractéristiques non universalisables, il est donc risqué
d’induire un caractère universel à partir d’un ou même plusieurs objets ou cas
particuliers. Ce problème renvoie à celui du hiatus entre le statut universel
des énoncés théoriques et celui particuliers des expériences ou observations ;
hiatus tenant au fait que l’universel n’est pas la somme des particuliers, mais
une extrapolation inductive.
Nécessaire - Contingent - Possible
Nécessaire
Sens ontologique et modale : Caractère de ce qui ne
peut pas ne pas être, ni être autrement. Ce dont le contraire est impossible.
On distingue:
1. Nécessité logique: ce qui découle des seules règles
du raisonnement valide : une conclusion doit l’être et la contradiction signale
l’erreur.
2. Nécessité physique : ce qui découle d'une loi de la
nature dûment vérifiée expérimentalement.
3. La nécessité historique : la chronologique des
événements expriment un système de causes déterminant leur production et dans
un certain ordre. C’est à l’enquête
historique de déterminer ces causes.
Attention! Ce sens philosophique se distingue du sens pratique, synonyme d'utile, et du sens moral proche du devoir, de l’obligation, "ce qui m'oblige".
Attention! Ce sens philosophique se distingue du sens pratique, synonyme d'utile, et du sens moral proche du devoir, de l’obligation, "ce qui m'oblige".
Contingent
Non nécessaire dans son être ou façon d’être. Est
contingent ce qui peut ne pas être ou être autrement. Son contraire est donc
possible. Si la science cherche à comprendre la nécessité des choses, l’action,
qui peut, certes, s’en éclairer reste cependant prise dans une contingence
relative, proportionnelle au degré de connaissance ou d’ignorance de l’agent.
Dans cet écart se constitue l’idée d’une liberté de choix… (L’Existentialisme
sartrien est une philosophie de la conscience qui pose, pour celle-ci, une
contingence ontologique radicale…)
Possible
Est possible
1. logiquement: ce qui n'implique pas de
contradiction, donc est compatible avec les règles de la logique;
2. objectivement: ce qui n'est pas contraire aux les
lois naturelles.
Remarque : le possible sert à définir le nécessaire
(ce dont le contraire est impossible) et le contingent (ce dont le contraire
est possible). C’est une catégorie plus large que celle de contingence, elle
peut couvrir le champ du réel comme celui de la pensée.
Objectif - Subjectif
Objectif
1. Est objectif ce qui se rapporte à l'objet de la
connaissance. Un jugement est objectif s'il est conforme à son objet. (Accord
de la pensée avec le réel)
2. Est objectif ce qui ne dépend pas de moi et est
valable pour tous. Un jugement est objectif s'il est universel. (Accord des
esprits entre eux)
Subjectif
1. Est subjectif ce qui se rapporte au sujet de la
connaissance. Un jugement est subjectif s'il appartient à la conscience.
2. Est subjectif ce qui dépend de moi ou d'un point de
vue particulier. Un jugement est subjectif s'il reflète les passions, les
préjugés et les choix personnels d'un sujet. Synonyme de partialité.
Notions associées
Objectivité
Objectivité
En général, l'objectivité est le caractère de ce qui
est objectif.
1. L'objectivité est l'accord de la pensée au réel. En
ce sens, l'objectivité est la condition de la vérité entendue comme
correspondance à la réalité (critère de vérité-correspondance).
2. L'objectivité est une attitude de l'esprit opposée
à la subjectivité au sens 2 et qui garantit l'objectivité au sens 1 (l'accord
de la pensée avec le réel).
Subjectivité
En général, la subjectivité est le caractère de ce qui
est subjectif.
1. La subjectivité est tout ce qui concerne l'homme en
tant qu'il est un sujet, c'est-à-dire « une conscience » qui connaît l'objet.
KANT parle de subjectivité transcendantale.
2. La subjectivité est aussi l'ensemble des
caractéristiques d'une conscience individuelle. On parle de subjectivité
empirique. D’où le risque du subjectivisme consistant à tout juger d'un point
de vue subjectif, personnel, individuel. Pour le subjectivisme en ce sens, il
n'y a pas d'objectivité possible, son mot d’ordre est : «A chacun sa
vérité".
Origine - Fondement
Origine
L'origine est ce qui
est premier dans l'ordre chronologique, de ce qui est au commencement ou à la
source d'une réalité, d'un processus ou d'une connaissance ; par ex. on
fait des recherches généalogiques pour "retrouver ses origines". Mais
l’origine peut être relative et non absolue, être donc précédé d’un temps et d’un
état antérieurs mais différent de la chose, comme la source d’une rivière n’est
pas son commencement absolu puisque l’eau qui sort de terre existe sous terre. En
tant que commencement, l'origine peut aussi expliquer l'existence d'un
phénomène en le rapportant à sa cause productrice. Ainsi, selon le concept
darwinien d'origine des espèces est
ce qui permet d'expliquer causalement l'apparition des différentes espèces sur
terre.
Fondement
Le fondement est ce
sur quoi repose quelque chose, comme les fondations d’une maison. Par analogie,
c'est ce sur quoi une connaissance, une théorie repose. Le fondement est ce qui
est premier dans l'ordre logique et qui est la raison d'être d'un phénomène, sa
justification. C'est en ce sens qu'on assigne parfois à la philosophie la tâche
de rechercher le fondement de la science ou de la morale, c'est-à-dire les
principes qui les justifient, les légitiment.
Dans
son Discours sur l'origine et les
fondements de l'inégalité parmi les hommes, Rousseau montre que si
l'inégalité est un fait dont l'origine est sociale, elle n'est pas pour autant
fondée en raison, justifiée.
Remarque
Expliquer quelque
chose n'est pas le justifier. L'origine explique, mais ne fonde pas la légitimité
d’une chose. La question de l'origine est une question de fait. La question du
fondement est une question de droit.
Ainsi, les rapports
de force peuvent être l'origine du pouvoir, mais peuvent-ils en être le fondement ?
Ce qui explique le pouvoir ne le justifie pas pour autant. Aussi on s’est emploie
régulièrement à « inventer des fondements légitimes » ou à confondre les deux notions. D’où vient la volonté de fonder ?
Pourquoi ne pas se contenter d’expliquer et prendre parti pour changer ou non
les choses qui manquent de légitimité ? A moins que le fondement ne serve à
masquer une origine inavouable ! L’Ancien régime, par ex. se prétendait
fondé sur l’idée d’une « race » supérieure au « sang bleu »
(interprétation du sens littéral d’« aristocratie » : pouvoir
selon l’excellence) ; mais, en réalité, son pouvoir reposait sur des
rapports de forces, plus ou moins violents et liées à la propriété de la terre,
entre des forces sociales concurrentes et contre les masses socialement
faibles. En philosophie, pour délégitimer l’Empirisme de Locke et de Hume, Kant
a déplacé la notion d’origine du côté de celle de fondement pour faire de sa
logique et de ses catégories, le point de départ transcendantal ou a priori de la connaissance : "si toute notre connaissance débute avec
l'expérience, cela ne prouve pas qu'elle dérive toute de l'expérience." La
connaissance aurait pour début l’expérience qui n’en serait pas l’origine !
Kant ne supportait sans doute pas qu’une cause productrice « non légitime »
à ses yeux puisse non seulement expliquer la connaissance mais rejeter la notion
de fondement du côté de la fiction.
Ressemblance - Analogie
Ressemblance
Similitude entre des éléments présentant des aspects identiques, mais par
ailleurs différents.
Il y a des degrés de ressemblance, d'un vague "air de famille" à
la similitude au sens mathématique du terme. Mais ce qui se ressemble est aussi
dissemblable, sinon, il y aurait identité.
Analogie
Au sens large, non technique, une analogie est une vague ressemblance. Au
sens strict, c'est l'égalité du rapport qui unit deux à deux les termes de
plusieurs couples. Exemple : A / C = B / D
Le mot vient du grec analogos, « qui
est en rapport avec ", " proportionnel ". Par extension, il a
été utilisé pour désigner l'identité des rapports entre d'autres termes.
Exemple chez Platon : Images / Objets réels = Opinion / Science (Cf. La
caverne)
" J'entends par rapport d'analogie tous les cas
où le second terme est au premier comme le quatrième au troisième."
Aristote
Pour qu'on puisse parler d'analogie au sens propre du terme, il faut au
moins quatre éléments, sinon, il ne peut s'agir que de ressemblance.
Notions associées
Raisonnement par analogie
Au sens mathématique, le raisonnement par analogie permet de calculer la "quatrième proportionnelle" d'un rapport dont on connaît déjà trois des termes. Exemple : si 2 / 4 = x / 28 alors x = 14. Par extension, un raisonnement par analogie consiste à conclure, à partir de la connaissance de la relation qui unit deux termes, une propriété de la relation qui unit deux autres termes se trouvant dans un rapport semblable. Exemple : Peuple / Souverain = Troupeau / Berger. Le Souverain serait à son peuple ce que le berger est à son troupeau. Donc le Souverain aurait le droit de vie ou de mort sur ses sujets comme le berger a le droit de vie ou de mort sur ses bêtes. (Analogie critiquée par Rousseau, Du Contrat social, L. I, Ch. II)
Raisonnement par analogie
Au sens mathématique, le raisonnement par analogie permet de calculer la "quatrième proportionnelle" d'un rapport dont on connaît déjà trois des termes. Exemple : si 2 / 4 = x / 28 alors x = 14. Par extension, un raisonnement par analogie consiste à conclure, à partir de la connaissance de la relation qui unit deux termes, une propriété de la relation qui unit deux autres termes se trouvant dans un rapport semblable. Exemple : Peuple / Souverain = Troupeau / Berger. Le Souverain serait à son peuple ce que le berger est à son troupeau. Donc le Souverain aurait le droit de vie ou de mort sur ses sujets comme le berger a le droit de vie ou de mort sur ses bêtes. (Analogie critiquée par Rousseau, Du Contrat social, L. I, Ch. II)
Au sens large, un raisonnement par analogie est tout raisonnement qui tire
des conclusions en s'appuyant sur des ressemblances entre les objets
considérés ; il est fréquent dans la connaissance d’autrui « par
analogie » avec moi : Autrui serait en lui comme je suis en moi quand
je suis extérieurement comme il est en ce moment.
Allégorie
Récit imagé construit de façon à représenter des idées abstraites en leur faisant correspondre systématiquement, termes à termes, des éléments d'un domaine concret selon des relations analogiques (au sens étroit ou au sens large). Dans une allégorie, rien n'est gratuit. Tous les éléments du récit concret renvoient à une signification abstraite et demandent à être interprétés.
Récit imagé construit de façon à représenter des idées abstraites en leur faisant correspondre systématiquement, termes à termes, des éléments d'un domaine concret selon des relations analogiques (au sens étroit ou au sens large). Dans une allégorie, rien n'est gratuit. Tous les éléments du récit concret renvoient à une signification abstraite et demandent à être interprétés.
Universel - Général - Particulier – Singulier
Universel
1. Qui concerne l'univers tout entier.
2. Qui ne souffre aucune exception.
3. Qui concerne tous les éléments d'une classe. En
logique classique, une proposition universelle est une proposition dont le
sujet est pris universellement, dans toute son extension. Ex.: "Tous les
hommes sont mortels".
Général
Qui s'applique à plusieurs, voire, à la majorité. Par
abus de langage, synonyme d'universel ; alors qu’il ne s’agit que d’un grand
nombre de cas particuliers, voire un seul généralisé et appliqué à un groupe
pour le stigmatiser.
Particulier
Qui appartient en propre à un individu (dans ce cas,
synonyme de singulier) ou à une classe restreinte d'individus. En logique
classique, une proposition particulière est une proposition dont l'extension du
sujet est restreinte à une partie de ses membres. Ex.: "Quelques hommes
sont grands".
Singulier
1. Ce qui est unique.
2. Ce qui est un individu. En logique classique, une
proposition singulière est une proposition dont le sujet est unique. Ex.:
"Socrate est un homme".
Transcendant - Immanent
Transcendant
Du latin transcendere,
« passer au-delà », « surpasser » ; transcendant signifie "qui
dépasse", "qui va au-delà" ou qui est à l'extérieur du domaine
considéré. Le transcendant peut être aussi considéré d'une nature supérieure.
Chez KANT, est transcendant ce qui est au-delà de toute expérience possible
(alors que ce qui ne peut excéder le champ de l’expérience possible est
immanent). Dans la Phénoménologie, la transcendance est le mouvement de la
conscience qui se dépasse vers son objet, donc hors d’elle.
Immanent
Du latin immanere,
« demeurer en » ; par opposition au transcendant, ce qui est accessible, du
même niveau ou interne au domaine considéré. Ce qui, dans un être ou une chose,
relève d’un principe ou d’une causalité interne et non d’une instance
extérieure ; la cause est sur le même plan ou dans le même référentiel que
l’effet. L’ontologie de SPINOZA est un immanentisme : « Dieu est cause
immanente et non transitive de toute chose. » (Ethique, I, prop. 18). « Dieu » ne désigne pas une instance
extérieure au monde et aux choses. Contre tout anthropomorphisme, il n’est pas
comme un artisan ou un ingénieur, ni même un « esprit-sujet », cause
extérieure, supérieure et d’une autre nature que son œuvre. Si « Dieu crée le
monde », a un sens vrai, cela signifie qu’il y a une causalité interne et
immanente au monde, que donc le monde est causa
sui, « cause de soi ». Spinoza
établit l’équation (scandaleuse) : Dieu ou la Nature, c’est la même chose,
c’est-à-dire le système général des causes de tout le réel, ainsi que ses
effets : « Nature naturante » et « Nature naturée ».
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