« Tous les hommes désirent naturellement savoir. » ARISTOTE, Métaphysique, (première phrase)
Désir, Sujet, Raison, Liberté, Bonheur
Selon le sens commun, on désire ce que l’on n’a pas ; écho de l’étymologie de « désirer » : desiderare = « regretter l’absence de … » ; vient de sidus = « étoile, astre » ; désirer = regretter l’absence de l’astre… souffrir d’être séparé de ce qui nous éclaire ! Cependant, le désir est déjà en lui-même plaisir de désirer, de sentir l’excitation provoquée par ce manque ; désirer = se sentir vivre, « brûler » pour quelque chose, tendre vers un espoir de bonheur ; le pas encore-là nous réjouit déjà. Donc ambivalence du désir : déplaisir de manquer et plaisir du manque.
Dans le Banquet, Socrate fait part à ses commensaux d’un mythe où
le désir amoureux est présenté comme le fils naturel de Poros, dieu de la
ressource et de l’expédient, et de Pénia, figure féminine de la pauvreté et du
dénuement. Platon présente donc
le désir comme un « démon », en grec un daïmon, c’est-à-dire
un être hybride, mi-dieu mi-homme, intermédiaire et double. Le désir serait, à
l’instar de l’amour, tantôt ressource, plénitude, jouissance, tantôt manque,
vide, souffrance.
Comment saisir la nature du désir pris dans ce double sens ?
Le désir est-il le négatif de l’existence ou l’expression de sa positivité
? La question du désir a également une dimension éthique concernant
la façon de le vivre. Comment faire avec le désir ? Faut-il
suivre nos désirs pour être heureux ou au contraire y renoncer ? Le peut-on ? Que désirer ?
Comment ? Jusqu’où ? L’enjeu est de taille : si nous
sommes nos désirs, nous serons esclaves
ou libres, aliénés ou nous-mêmes selon ce que seront nos désirs et notre façon
de désirer.
Soyons aristotéliciens au carré : ici, nous désirons savoir ce qu’est le désir… et s’il
est philosophiquement désirable !
1. Le
Désir coincé entre besoin et passion – désir en prison
1.1 Besoin/
Désir ; le besoin de désirer
On dira
que le besoin est nécessaire, naturel et vital alors que
le désir serait contingent, artificiel, secondaire voire imaginaire.
En fait : Besoin, Désir et Passion sont éprouvés pareillement sous la
forme du manque… certains plus faciles à satisfaire que d’autres ; et
encore car les situations et les attentes sont très relatives. Certains
apparemment plus vitaux que d’autres, mais vivons-nous seulement de pain ?
La logique du désir serait donc celle du manque. Logique
un peu folle, que résume bien Arthur SCHOPENHAUER (1788-1860) :
« Entre les désirs et leurs réalisations s’écoule toute la vie
humaine. Le désir, de sa nature est souffrance ; la satisfaction engendre
bien vite la satiété ; le but était illusoire ; la possession lui
enlève son attrait ; le désir renaît sous une forme nouvelle, et avec
lui le besoin ; sinon, c’est le dégoût, le vide, l’ennui, ennemis plus
rudes encore que le besoin..» Le
monde comme volonté et comme représentation (1819), L. IV, § 57
Satiété = excès de satisfaction qui confine au dégoût, réplétion.
L’objet convoité obtenu, on s’en lasse. Indifférence. Le désirait-on
vraiment ? Le désir rebondit sans cesse de ce l’on a obtenu à ce que l’on
a n’a pas encore = Insatiabilité du désir. Si la
frustration et la privation torturent le désir, la possession le mine et le
jette de nouveau sur les chemins du manque. On dira que le besoin est « fini»
= il peut être comblé ; alors que le désir serait infini. Mais en
fini-t-on avec le besoin de désirer ! Et puis le désir peut parasiter le
besoin… Notre plus grand plaisir serait-il de désirer encore et toujours ?
Le désir est trouble et confus : mélange de manque et de plaisir. D’où la
fin du texte suggérant un besoin vital de désirer, miné par un désir
inextinguible.
Le désir comme besoin de l’âme, comme nécessité
impérative pour se sentir vivre ; quitte à en mourir… N’est-ce pas là le manifeste exigeant de la passion.
1.2.
Passion / Désir ; Le malheur de désirer
Le désir nous agite et nous jette hors de
nous, dans l’arène. Selon PASCAL (1623-1662), nos passions nous font « courir des lièvres » :
« Tout le malheur des hommes vient d’une seule
chose, qui est ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. » (Pensées, Article II « Misère de l’homme sans
Dieu », 136 ou 139).
> L’inquiétude du désir = il nous rend
in-quiet, non tranquilles, agités et
causerait de notre malheur : entraînés et ballottés par un
« mouvement » interne, nous sommes incapables de cesser de désirer
tout et n’importe quoi, tout le temps. Et pour quoi ? Pour rien, juste
pour nous divertir de notre misérable condition de milieu en
l’infiniment petit et l’infiniment grand (situation cosmologique de l’homme). Le
divertissement pascalien = fuite face à notre misère ;
chasse qui préfère la course à la proie…
Les héros tragiques, chauffés à blanc par leurs passions, incarnent bien les tourments du désir passionné, ses conflits avec le réel, la loi, les autres, comme on le voit dans cet extrait d’une tirade de Phèdre s’adressant à Hippolyte :
Les héros tragiques, chauffés à blanc par leurs passions, incarnent bien les tourments du désir passionné, ses conflits avec le réel, la loi, les autres, comme on le voit dans cet extrait d’une tirade de Phèdre s’adressant à Hippolyte :
" Hé bien! Connais donc Phèdre et toute sa
fureur.
J'aime. Ne pense pas qu'au moment que je t'aime;
Innocente à mes yeux je m'approuve moi-même,
Ni
que du fol amour qui trouble ma raison
(...) Ma lâche complaisance ait nourri le poison
Que dis-je? Cet aveu que je viens de te faire
(...) Cet aveu si honteux, le crois-tu volontaire?
Délivre l'univers d'un monstre qui t'irrite."
Racine, Phèdre, Acte II, Scène V.
Racine, Phèdre, Acte II, Scène V.
La schize psychique est évidente : Phèdre sait qu’elle aime malgré elle, mais en même temps elle ne s’approuve pas et même se condamne… scission pathologique du désir et de la volonté. Le désir
identifié à la passion, symptôme d’une pathologie de l’âme, « d’une
monstruosité » = point de départ de
l’Ethique stoïcienne.
Le Stoïcisme entend soigner « la
maladie » du désir que constituent les passions. Métaphore médicale
mais solution morale, normative, volontariste : Il faut
refuser tous les désirs autres que celui de se conformer à l’ordre du monde.
Désirer un objet dont on est séparé et privé, vouloir quelque chose qui n’est
pas là, présent et immédiat ou facile d’accès
dans la réalité qui nous environne, voilà la cause principale du malheur
pour le stoïcisme. S’en tenir donc à ne rien désirer d’autre que ce
qui est : Epictète (50-130) invite
à une « conversion réaliste » du désir : « (…) vouloir
que les choses arrivent non comme il te plaît, mais comme elles
arrivent. » (Entretiens, L. I, 17). C’est possible,
selon lui, car il y a 2 types de choses,
celles qui dépendent de nous et
celles qui ne dépendent pas de nous.
Or, les désirs sont des réalités mentales, des idées, et donc ils dépendent de
nous et peuvent être changés. Il faut donc vouloir contre les désirs qui ne s’accordent pas avec la réalité
pour avoir une conduite morale et atteindre le Souverain Bien.
Critique Pour NIETZSCHE (1844-1900), derrière la
condamnation et le rejet des passions se cachent d'autres passions, mauvaises
et tristes : la peur de
soi, le dégoût de l’existence, des désirs morbides : " attaquer
les passions à la racine, c'est attaquer la vie à la racine." (Crépuscule des Idoles)
2. Libérons le désir !
2.1.
Besoin de désirer mais pas besoin de tous les désirs
A
l’opposé du stoïcisme, la sagesse d’EPICURE (341-270 av.) confère un rôle
éthique au désir en faisant du plaisir
le Souverain Bien (SB). Mais, si le Plaisir est bon, tout
Plaisir n’est pas bon à rechercher ! Car, il y a deux espèces de plaisirs : celui en repos =
absence de trouble ou de manque. (Ataraxie) ;
et celui en mouvement = un plaisir trouble, car encore marquée par
l’insatisfaction, le manque, l’excitation. Distinction articulée à une
tripartition des désirs : « Il
faut se rendre compte que parmi nos désirs les uns sont naturels, les autres
vains, et que parmi les désirs naturels, les uns sont nécessaires et les autres
naturels seulement. » (Lettre
à Ménécée).
Donc : 1°-
naturels (Na) et
nécessaires (Ne) ;
2°- naturels seulement
(Na) ou non nécessaires (nNe) ;
3°- « vains » = non
naturels (nNa) et non nécessaires (nNe).
Donc, sagesse =
mettre de l’ordre dans la multitude des désirs et ne suivre que les NN,
éventuellement les NnN, toujours avec prudence
= en s’efforçant de bien en « mesurer le plaisir » (métriopathie) : où
il commence et où il s’arrête pour nous laisser satisfait et en repos ;
car un désir NN peut « dégénérer » en NnN, puis en nNnN ! Ex: se lever de table avec encore une légère faim, car,
sinon, on mange au-delà du nécessaire… on y prend goût et on finit par désirer
manger sans faim, ni fin !
Les NN sont
les désirs (ou besoins) de boire manger, dormir, soigner son corps (santé,
hygiène, confort) et philosopher (pour savoir et pratiquer tout
cela !).
Les NnN sont les
désirs de la « volupté » (sexualité) et de la beauté (arts), on peut
les suivre à condition de veiller à ce qu’ils ne nous entraînent pas vers ceux
de la troisième catégorie (débauche, amour, vaine quête de la beauté). Il est
sage de les « banaliser », mais on peut aussi ne pas les suivre sans
préjudice pour la sagesse.
Les nNnN
sont les désirs illimités et sans fin, donc à éviter absolument ; désirs
ou « besoins psychiques» artificiels, engendrés par l’imagination,
voire désirs « maladifs », qui se prennent eux-mêmes pour leur
fin (ex. la séduction chez Dom
Juan). Ils caractérisent l’insatiabilité possible (non nécessaire) du désir,
sa relance perpétuelle, sa tendance au toujours plus, à un
« encore! »
sans limites ; mais pas de fatalité à cela.
Comment expliquer
ces désirs, leur « dérèglement » ? Les
désirs « vains » seraient-ils des passions ?
Mais qu’est-ce qu’une passion ? Le terme suggère la passivité, or une passion
est une agitation, un mouvement interne qui en entraîne d’autres… externes.
Dans
le dualisme cartésien, les passions
relèvent de l’âme et sont, pour le corps, des actions ; actions des « esprits animaux », corps
subtils circulant dans les nerfs et parvenant à la glande pinéale où ils
exercent une pression sur l’âme qui va donc les subir, les vivre passivement.
"
L'action et la passion ne laissent pas d'être toujours une même chose qui a ces
deux noms, à raison des deux divers sujets auxquels on la peut rapporter."
(Les Passions de l'Ame).
Contre les passions, Descartes recommande de ne suivre
que les « bonnes » (amour, admiration, générosité, par ex.) et
d’éviter ou de combattre les autres, selon une attitude stoïcienne : « Plutôt
changer mes désirs que l’ordre du monde » Discours de la méthode,
III.
2.2 Dépassionner les passions et passer à l’action…
Céder aux passions, n’est-ce pas, en fin de
compte, préférer souffrir que jouir? Idéaliser la tristesse au lieu d’opter pour la
joie ? Le plaisir de connaître est l’antidote du poison de la
passion : libérer le désir des passions.
Fin connaisseur des
Passions de l’âme,
SPINOZA (1632-1677), innove dans la stratégie philosophique vis-à-vis des
passions. Son éthique, fondée sur une ontologique moniste, nous met en prise
directe avec les passions qui relèvent autant du corps que de l’âme. Pour autant
nous sommes, en tant que nous désirons, dans une dualité modale tantôt passifs
(en proie à des passions), tantôt actifs, capables de nous affecter nous-même,
d’être cause de nos désirs, car nous sommes des êtres connaissant… ou ignorant
et d’abord de nous-mêmes. Notre puissance d’agir est intrinsèquement liée à
notre connaissance et le passage d’une connaissance à une autre nous affecte de
joie et renforce notre puissance d’agir (et de connaître, qui est déjà une
action en nous) Ainsi, il est possible de réduire la sujétion
aux passions en les connaissant par leurs causes.
Référence : Spinoza Éthique, III, Déf.1, 2 et 3 :
1. J'appelle cause adéquate
celle dont on peut percevoir l'effet clairement et distinctement par elle-même;
j'appelle cause inadéquate ou partielle celle dont on ne peut connaître
l'effet par elle seule.
2. Je dis que nous sommes actifs,
quand en nous ou hors de nous quelque chose se fait dont nous sommes la cause
adéquate, c'est-à-dire quand, en nous ou hors de nous, il suit de notre nature
quelque chose qui se peut par elle seule connaître clairement et distinctement.
Au contraire, je dis que nous sommes passifs quand il se fait en nous
quelque chose ou qu'il suit de notre
nature quelque chose, dont nous ne sommes la cause que partiellement.
3.
J'entends par Affections les affections du Corps par lesquelles la puissance
d'agir de ce Corps est accrue ou diminuée, secondée ou réduite, et en même
temps les idées de ces affections. Quand nous pouvons être la cause adéquate de
quelqu'une de ces affections, j'entends donc par affection une action; dans les
autres cas une passion.
Ainsi la plupart du temps nous sommes passifs, même en agissant beaucoup, car nous ne savons pas vraiment les causes qui nous déterminent et nous meuvent, même si nous croyons les connaître ou savons surtout les buts que nous poursuivons. Par exemple je croirais aimer une personne parce qu’elle est belle ou ceci ou cela que je trouve aimable, mais en fait je la trouve belle ou aimable parce que je l’aime et désire et ce pour une autre raison que j’ignore… Ce renversement causal déjoue les illusions du désir, ainsi que celles de la conscience-sujet qui se croit maître de ses actes, pensées, désirs, volontés… « Nous ne désirons pas une chose parce qu’elle est bonne, mais nous la jugeons bonne parce que nous la désirons » énonce Spinoza en un renversement critique… L’illusion d’avoir trouvé le bonheur ou l’âme sœur nous empêche de nous interroger sur les causes de notre état ; cela donne une idée de notre demande d’être heureux et de notre impuissance à nous en occuper sérieusement! Nous occupons davantage de nous rapprocher de l’être aimé, et de toutes les façons ou par toutes les concessions possibles.
Ajoutons
qu’une affection qui augmente notre puissance d'agir est une joie;
alors que celle qui la diminue est une tristesse (Ethique,
III, XI, scol.). Joie et tristesse sont des variations d’énergie et
d’être à comprendre comme des formes élémentaires ou primaires de la vie
affective. Composantes de base de tous les autres sentiments ou
« affections » qui, selon qu’elles sont « joyeuses » ou
« tristes » orientent la puissance d’agir à la
hausse ou à la baisse. (ex. amour = « une joie accompagnée de l’idée d’une
cause extérieure » augmente notre puissance d’agir, et ce, que l’amour
soit passion ou action ; « passif» ou « actif » ; mais
seul l’amour « actif » augmente notre autonomie. Cette puissance
d’agir qui définit notre être n’est rien d’autre que le désir, forme
première et élémentaire de l’existence. Sauf que la puissance peut être affectés
en plus (joie) ou ou en moins (tristesse) ; elle n’exclut donc pas l’impuissance,
la faiblesse, l’action nuisible contre soi…
Un exemple proustien analysé façon spinoziste : l’amour de Swann pour Odette.
Swann
(un esthète cultivé et riche, mais un peu futile d’esprit) tombe amoureux (cristallisation
stendhalienne) d’Odette
(une cocotte arriviste) = joie passive. Liaison « illogique » qui,
cependant, dure avec mariage et une fille. Mais, Odette méprise Swann, le
trompe, se moque de lui… Aussi, l’affectivité de Swann tourne en déplaisir, en
affects de Tristesse, car jalousie, dégoût pour le caractère vil d’Odette… mais
faiblesse de Swann, car son désir amoureux du début survit encore = Ambivalence affective (que Spinoza avait
déjà théorisée avant Freud) + déprime, états maladifs de Swann. Un jour, à
force de s’interroger (sa part d’activité propre), il comprend qu’il a aimé
Odette parce qu’elle lui faisait penser inconsciemment à des dessins de femmes
de Botticelli dont il était grand amateur. Swann comprend donc qu’il n’était
pas la cause de son amour, mais qu’en lui une autre cause jusque-là ignorée l’avait
déterminée et produit tous les effets tant joyeux au départ que triste ensuite.
Autrement dit, de lui-même, au sens de cause adéquate, il n’avait aucune raison
d’aimer Odette qu’il avait seulement associée inconsciemment à des choses qu’il
savait aimer et pourquoi (Botticelli et aussi une petite phrase musicale de la
sonate de Vinteuil…). Croire qu’on aime une personne pour une raison qui est en
elle nous charme… et nous aliène ; comprendre
qu’on l’aime en raison de causes qui sont en nous, est moins romantique, mais
plus libérateur et pas nécessairement « amouricide » : je peux
savoir par quelles causes en moi j’aime une personne et ce que je n’aime pas en
elle… le reste est question d’arrangement ou de pesée avant décision. Dans le
cas de Swann, la compréhension entraîne la décristallisation du désir
amoureux qui prend fin dans la joie de la découverte : « (…) il
s’écria en lui-même : « Dire que j’ai gâché des années de ma vie, que
j’ai voulu mourir, que j’ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne
plaisait pas, qui n’était pas mon genre ! » PROUST, A la recherche du temps perdu,
Un amour de Swann (Pléiade, I, p. 382)
3. L’homme carbure
au désir, c’est son essence
Hors
du désir point de salut, ni de santé. Mais, on n’est pas obligé de le suivre
dans tous ses excès et dérèglements, dans la soumission aux passions. Y
renoncer serait de toute façon impossible, car il faudrait renoncer à
nous-même, à l’existence, à la vie. Ce serait s’avouer vaincu par des causes
extérieures, par de mauvaises passions. SPINOZA ne s’arrête pas à faire du
désir une « puissance d’agir », il affirme qu’il constitue l’essence
même de l’homme. Une essence qui n’est pas une idée, scotchée au ciel des
idées de PLATON, mais une essence qui est le mouvement interne de la vie, son principe
dynamique, une essence en acte que SPINOZA nomme en latin Conatus,
« effort », « poussée » de/dans l’être = dimension
ontologique du Désir.
Quelques
distinctions :
1° Conatus = appétit, effort ontologique, persévérance
dans l’être (être humain = corps + âme, une seule et même chose) = aussi,
l’essence actuelle et dynamique de l’homme.
2° Désir = Conatus +
conscience ; En tant qu’être vivant, l’homme s’efforce, corps et âme, de
persévérer dans son être pour une durée indéfinie, et la conscience de cet
effort est le Désir.
3° Volonté = Seulement
« désir de conscience » ou moral = plus pauvre que le désir, et
possiblement en conflit avec lui et le corps, car pouvant être aliénée par des
représentations fausses et néfastes. « Quand on veut on peut » cela
se dit soit pour encourager à l’action (en vain, la plupart du temps), soit
après une action que l’on croyait impossible (mais dont on était capable sans
le savoir !). Mieux vaut désirer en voulant et pouvant ; le pire
étant de «vouloir sans pouvoir » ! (Ethique III, P. IX
démonstration et scolie).
Remarque: Le désir spinoziste définit la puissance (potentia) du corps et de l’individu qui, dans le rapport au monde (choses et humains), devient pouvoir (potestas) d’être affecté ou d’affecter ; ce « pouvoir » relativise la puissance du fait de sa confrontation à d’autres puissances, d’autres corps dont la force varie en fonction des passions ou actions.
Remarque: Le désir spinoziste définit la puissance (potentia) du corps et de l’individu qui, dans le rapport au monde (choses et humains), devient pouvoir (potestas) d’être affecté ou d’affecter ; ce « pouvoir » relativise la puissance du fait de sa confrontation à d’autres puissances, d’autres corps dont la force varie en fonction des passions ou actions.
Pour conclure
Il y a donc une façon de désirer à la fois
sage et éthique, une façon ne visant pas à combattre les passions sur leur
terrain en essayant de les contrer par d’autres ou par la « volonté »,
mais cherchant à en connaître les causes en nous pour les transformer en joies de
la connaissance et dégager le terrain d’une activité désirante autonome : «dépassionner» la vie affective en « l’activant » autant que
faire se peut.
Dans tout combat
(vital ou politique) il ne suffit pas de réagir aux coups qu’on reçoit, car réagir c’est encore être sous la
domination de ce qui s’exerce sur nous. Il faut agir, enclencher un mouvement propre, se porter au-devant par une
poussée ontologique propre… un désir soi.
De désirer savoir à
savoir désirer…
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